Sophie Trenteseaux au coeur du bio

Femme de conviction, l’entrepreneure nous esquisse son parcours et sa vision d’avenir dans sa boutique du quartier du Châtelain, d’où s’exhalent de sublimes senteurs de lavande, d’huile de chanvre ou encore de beurre de karité.

Quel a été le déclencheur de votre projet, à savoir la création votre propre label de cosmétiques bio?

« Mon souhait était de sensibiliser les personnes à une cosmétologie plus naturelle, plus responsable, plus écologique, avec une vraie plus-value pour la santé. Quand j’ai lancé SENZ en 2011, devenu par la suite MAKESENZ, c’était une tendance qui commençait à se dessiner dans l’univers de la cosmétologie : intégrer plus d’ingrédients naturels, riches en actifs végétaux et respectueux de l’environnement.
Je travaillais dans une grande firme industrielle de cosmétiques — et je remercie d’ailleurs cette industrie de m’avoir appris tant de choses — sans cela je ne serais pas arrivée à mon concept. À cette époque, l’industrie aussi a voulu se lancer dans la tendance naturelle, mais, malheureusement, les process internes de fabrication, les modes d’approvisionnement et, surtout, les enjeux économiques ne lui ont pas permis de suivre cette voie.
Certes, l’industrie pure et dure doit faire face aujourd’hui à de nouvelles obligations, en termes de respect de l’environnement et d’information des consommateurs toujours plus soucieux de l’impact des substances chimiques sur leur santé. Elle ne pourra cependant jamais se tourner vers une production 100% verte. J’y ai vu une réelle opportunité dans ce secteur avec des cosmétiques garantis entièrement naturels. »

Comment êtes-vous parvenue à imposer votre marque dans un marché naissant ?

« Les débuts ont été relativement difficiles, parce que nous étions avant-gardistes, peut-être trop par rapport à un marché belge pas encore mûr pour cette démarche naturelle. À l’époque, la conscience collective n’était pas aussi forte qu’aujourd’hui. Nous avons dû faire beaucoup d’évangélisation…Progressivement, nous nous sommes structurés en trois axes de développement : les ateliers (l’explication), la production (la fabrication) et le conseil- vente en boutique. Ensuite se sont rajoutés les soins. En jouant avec ces quatre piliers, nous arrivons à sensibiliser les personnes différemment. Au démarrage, nous avions trois produits, ce qui représente déjà beaucoup de travail : la réflexion, la fabrication avec les bons partenaires mais aussi le suivi d’une législation européenne assez lourde pour une petite structure. »

Quel est le plus offert par les produits MAKESENZ ?

Notre gamme repose sur le fait que nous partons de produits naturels sans parfum ajouté, auxquels nous ajoutons des huiles essentielles — la base de nos soins — ce qui permet de faire beaucoup de mélanges différents.
« Je me suis spécialisée en aromathérapie et ai été séduite par ces huiles, de véritables matières nobles, qui apportent une vraie plus-value pour la santé et le bien-être. Dans nos ateliers, nous expliquons aux clients comment les utiliser et  débordons  de la thématique cosmétique vers des formations en aromathérapie, orientées santé. Les produits cosmétiques font partie de notre quotidien… autant qu’ils soient bons pour nous. Aujourd’hui, MAKESENZ représente une gamme d’environ quinze produits. »

Comment allez-vous à la rencontre de vos publics ?

« Les rencontres en atelier constituent un axe fort de développement de l’entreprise. La démarche est très différente d’un soin, car il s’agit de comprendre  ce qui se cache derrière un produit. C’est un excellent moyen d’attirer les personnes pour une première expérience, et également de  communiquer et partager notre  savoir-faire. Côté distribution, notre stratégie s’oriente plutôt sur la vente en ligne. Les produits MAKESENZ sont vendus via notre e-shop (fr.make-senz.be), mais également via une plateforme en ligne dédiée à la cosmétologie naturelle, ce qui nous permet d’atteindre  des marchés étrangers à haut potentiel, comme la France notamment. »

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre chaîne de fabrication?

« Fabriquer bio, c’est respecter une chaîne d’approvisionnement et de fabrication bien précise. Nous sélectionnons nos fournisseurs, au niveau européen, sur des critères stricts de qualité, de certification biologique. En Belgique, nous avons la chance d’avoir deux huiles végétales cultivées de façon biologique, le chanvre et la cameline. Par contre, pour l’argan, le beurre de karité, l’avocat…, on doit aller plus loin. Le « made in Belgium » que l’on retrouve sur nos packagings a certainement une valeur ajoutée, et représente un atout. Nous fabriquons en effet 80% de nos cosmétiques à la main dans un laboratoire agréé à Bruxelles.
Bien entendu, les produits bio ont un coût, mais c’est un prix juste, compte tenu du rapport qualité prix et du fait main. » MAKESENZ est labellisé « Slow Cosmétique». Depuis 2013, l’Association, active en France et en Belgique, qui défend la Slow  Cosmétique,  attribue  la « Mention Slow Cosmétique (1) » à des marques engagées pour une beauté plus vraie. Les fondateurs ont voulu créer un mouvement autour de la cosmétologie naturelle avec  une  série  de  valeurs,  à la manière du guide Michelin qui distribue des étoiles à ses établissements renommés.

Les développements futurs… ?

« Je ne suis pas idéaliste au point de penser que la cosmétologie bio va renverser la tendance, explique Sophie Trenteseaux. Nous resterons sans doute un marché de niche encore longtemps... MAKESENZ espère toutefois grandir, avec ses ventes en ligne, mais également avec un second magasin, en-dehors de Bruxelles. Nous souhaitons cette année ouvrir le capital à des investisseurs potentiels. Une façon de continuer à réinventer une cosmétique éthique et durable dans un marché qui a le vent en poupe. »

 

(1) www.slow-cosmetique.org

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