Santé et bien-être : une croissance en forme

« Apple Watch a aidé des millions de personnes à travers le monde à rester en contact, à être plus actifs et à vivre de façon plus saine au quotidien » déclarait fièrement le dirigeant d'Apple, Tim Cook, en septembre lors du lancement d'automne des produits du groupe.

 

Pour une entreprise qui en tire si peu de profits, il peut paraître étrange que ses montres fassent l'objet d’une telle attention. Plus de 60 % du chiffre d'affaires d'Apple provient de la vente de téléphones mobiles, 17 % des ordinateurs portables et des iPad, et 12 % des services (dont iTunes, I'App Store et iCloud).

 

Pourtant, le dirigeant d'une des entreprises les plus valorisées au monde semble accorder une importance démesurée à un gadget qui relève du plus petit segment de l'entreprise, Ia catégorie des « autres produits » qui, collectivement, représentent moins de 7 % du chiffre d'affaires. M. Cook percevrait-il dans cette montre numérique quelque chose qui nous échappe ?

 

Lancée en 2015, l'Apple Watch était le premier produit entièrement nouveau de l’entreprise après le décès de son fondateur, Steve Jobs. Mais la véritable histoire commence bien avant, vers le milieu des années 1970.

C’est à cette époque que la population mondiale a commencé à prendre du poids.

 

Depuis 1975, l’obésité a triplé à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, 650 millions d’adultes sont obèses et 1,8 milliard sont en surpoids, dont 68 % des adultes aux États-Unis, le pays le plus touché par ce phénomène au sein de l’OCDE, club qui réunit les pays riches. L’Organisation mondiale de la santé a même inventé un terme spécial pour désigner cette épidémie internationale : la « globésité ».

Toutefois, lorsque Cook lança la première Apple Watch, ses bienfaits pour la santé n’étaient guère évoqués. Les temps ont changé. Aujourd’hui, lorsqu’on consulte la rubrique montres du site internet de l’entreprise, le message est sans équivoque : « All new. For a better you. »

 

Lors du lancement de la Série 4 en septembre, Jeff Williams, Chief Operating Officer, a décrit la nouvelle Apple Watch comme « un gardien intelligent de votre santé », soulignant qu’elle était capable de détecter si son propriétaire faisait une chute et de transmettre sa position aux équipes de secours grâce au dispositif SOS intégré.

 

Dotée d’une fonction électrocardiogramme ECG (capable de communiquer ces données au médecin), cette montre est également le premier produit « ECG » proposé directement aux consommateurs. « La possibilité de recueillir les données cardiaques d’une personne en temps réel transforme notre façon de pratiquer la médecine », explique Ivor J. Benjamin, président de l’American Heart Association, qui qualifie de « révolutionnaire » la possibilité de consulter les données médicales à la demande.

 

Comme dans bien d’autres domaines, Apple n’est pas un pionnier sur le marché des dispositifs médicaux portables, un marché qui devrait dépasser 14 milliards de dollars d’ici 2022, contre 6 milliards en 2017. Dans le segment des « smartwatches » médicales, Apple domine avec une part de marché mondiale de 17 %, loin devant FitBit, un bracelet d’activité lancé en 2007 qui détient 9,5 % du marché.

 

Paradoxalement, ce sont les États-Unis qui constituent le plus grand marché des smartwatches médicales, avec 25 % des adultes équipés aujourd’hui d’au moins un appareil de ce type.

 

Il existe une foule d’autres dispositifs médicaux portables spécialisés y compris ceux axés sur la gestion de l’asthme, des maux de dos et des ulcères. La société iSono Health, basée aux États-Unis, a même lancé un « soutien-gorge intelligent » capable d’évaluer les premiers signes du cancer du sein et de communiquer ces données à son médecin.

Des modes de vie sains

Ce nouveau mode de la sensibilisation high-tech aux questions de santé est porté par la demande des consommateurs, notamment parmi les Millennials. Les 18-34 ans manifestent une volonté de privilégier les modes de vie plus sains (ce qui explique pourquoi Amazon a dépensé 13.7 milliards de dollars pour acquérir la chaîne d’épicerie bio Whole Foods) et, ce qui est peut-être encore plus important, de « partager » ces modes de vie sur les réseaux sociaux.

 

Cette tendance est particulièrement marquée dans les marchés émergents, où les Millennials sont le principal moteur de développement des modes de vie sains. Dans des pays comme le Brésil, la Chine et le Mexique, où les prix des fruits et légumes frais augmentent rapidement alors que les coûts des aliments transformés diminuent, les Millennials commandent des toasts à l’avocat pour afficher leur appartenance à l’élite mondiale.

 

Parallèlement, le pourcentage de la population totale ayant les moyens d’investir dans la santé et le bien-être augmente rapidement : dans le monde, chaque seconde, cinq personnes intègrent la classe moyenne et une échappe à l’extrême pauvreté.

 

Pour les membres de la nouvelle classe moyenne, le jus de fruits fraîchement pressés a beaucoup plus de prestige que la bouteille de coca. Les pouvoirs publics cherchent désormais à encourager de telles tendances par le biais de leurs politiques budgétaires : la Californie, par exemple, est parvenue à réduire la consommation de boissons sucrées de près de 10 % suite à l’introduction d’une taxe sur les boissons gazeuses.

 

Les fabricants de boissons en sont conscients et privilégient les options plus saines. C’est la raison pour laquelle Coca-Cola a récemment fait l’acquisition de plusieurs petits concurrents spécialisés dans l’eau vitaminée, l’eau de coco et le thé. En général, les consommateurs accueillent favorablement de telles initiatives, tout comme les investisseurs, qui surveillent de plus en plus les indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance des entreprises dans lesquelles ils investissent.

 

 Le marché des dispositifs médicaux portables devrait dépasser 14 milliards de dollars d’ici 2022. 

Equilibre entre vie professionnelle et vie privée

Dans l’esprit des Millennials en particulier, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est un autre moyen de mesurer le bien-être.

 

Dans un monde de plus en plus dominé par le numérique, « les gens ne travailleront en moyenne que trois heures par jour en 2050 », prédit Bernd Thomsen, un futuriste allemand qui affirme que nous utiliserons ce temps libre supplémentaire pour pratiquer des activités sociales et sportives.

 

Non seulement les générations futures passeront moins de temps au bureau, mais elles prendront également leur retraite plus tôt. La Commission européenne prévoit que d’ici à 2060, les Européens passeront environ un tiers de leur vie à la retraire, soit quatre ans de moins qu’actuellement.

 

L’impact commercial d’une plus grande sensibilisation aux questions de santé et d’un accroissement du temps libre sera considérable. Selon Goldman Sachs, ce virage générationnel concernant les perspectives de santé et de bien-être suscite déjà les changements dans les dépenses consacrées aux vêtements de sport, produits alimentaires, boissons et tabac.

Alors que les Millennials inscrivent leur volonté de rester en bonne santé dans une démarche quotidienne, la ritualisation du bien-être crée un « mode de vie sain » qui se manifeste dans une culture populaire qui nous éclaire sur la façon dont les individus s’expriment, échangent avec les communautés et profitent de leur temps libre. Les répercussions sont très importantes dans la mesure où les consommateurs consacreront davantage d’argent aux produits et services qui répondent aux besoins quotidiens d’un mode de vie sain.

 

Les principaux secteurs qui en bénéficieront sont le sport, les produits alimentaires et les boissons, ainsi que les technologies de l’information (matériel comme logiciel), traitement de données compris. De manière encore plus directe, les acteurs des secteurs pharmaceutiques, de la santé et des technologies médicales devraient bénéficier de ce que l’on appelle la « datafication » : Merrill Lynch estime que la prestation des soins personnels pourrait à elle seule représenter jusqu’à 10 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale, avec des répercussions positives sur la santé, l’espérance de vie, la productivité et la qualité de vie.

 

Pour les États-Unis qui devraient consacrer près de 20 % de leur PIB à la santé d’ici 2024, selon une étude de McKinsey, cela pourrait représenter des économies annuelles d’au moins 600 dollars par personne et par an, soit 1 à 2 % du PIB.

Parallèlement, l’accélération technologique (dite « techceleration ») de notre vie quotidienne ne fait que commencer. D’ici à 2025, selon IDC, les interactions entre utilisateurs et appareils connectés interviendront toutes les 18 secondes, soit 4800 fois par jour.

 

La création et la collecte de données devraient donc exploser. Aujourd’hui, selon Merril Lynch, seul 0.5 à 1 % de l’ensemble des données a été analysé et utilisé ; d’ici à 2025, le volume de données stockées et analysées grimpera à 37 %.

 

Le lancement prochain de la norme mobile 5G (10 à 20 fois plus rapide que la norme actuelle) sera déterminant pour notre capacité à traiter cette masse de données et à l’utiliser pour alimenter les technologies de prochaine génération comme les véhicules autonomes.

 

Dans le secteur de la santé, la 5G pourrait permettre de créer 1 000 milliards de dollars de services, selon HIS Global, car c’est sur elle que reposera le développement de la connectivité et des capteurs 24h/24, 7j/7, s’appuyant sur la collecte de données relatives à la santé et au bien-être qui a déjà augmenté de manière exponentielle depuis la génération des smartphones et autres dispositifs numériques portables.

 

Parallèlement, dans la mesure où les données à caractère personnel de chacun circuleront sans cesse d’un bout à l’autre de la planète et d’un appareil à l’autre, les préoccupations concernant la confidentialité des données augmenteront. Reste à savoir si la vie privée existera encore à l’avenir.  

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