Cette huile sur toile peinte en 1914 est estimée 280.000 – 350.000 £ (ca 320.000-400.000 €). Elle représente Nel, épouse et muse de l’artiste, dans la forêt de Soignes.
Né à Malines en 1882, Rik Wouters se forme d’abord à la sculpture dans l’atelier d’ébénisterie ornementale de son père, puis à l’académie de sa ville natale. En 1900, il s’inscrit aux Beaux-Arts de Bruxelles où il fait ses débuts en peinture. Ses premières années sont influencées par James Ensor mais sa technique, son traitement de la lumière et ses couleurs changeront au contact des œuvres de Cézanne et des Impressionnistes. À partir de 1911, il abandonne le couteau pour la brosse, sa gamme chromatique se fait plus chatoyante, sa touche plus transparente. Au cours de sa vie trop brève, Rik Wouters a sculpté, beaucoup dessiné et peint lorsque ses moyens le lui permettaient. En 1912, il signe avec la galerie Georges Giroux qui lui offre une rente mensuelle, en échange de la moitié du produit de la vente de ses œuvres. À l’aube de la Grande Guerre, une exposition le consacre, mais il est envoyé au front, où sa maladie se déclare, et il s’éteint deux ans plus tard.
Rik et Nel se sont rencontrés en 1905, elle est alors modèle d’atelier, lui artiste sans revenus. Une grande partie de l’œuvre de Rik Wouters s’articule autour de la figure et des activités domestiques de sa femme. Peinte, sculptée, dessinée au crayon, à l’encre ou à l’aquarelle, elle est sa muse. Malgré une vie marquée par les difficultés financières, les problèmes de santé de Nel, l’horreur de la guerre et le cancer qui l’emportera à 33 ans seulement, son art est lumineux, et traduit le bonheur de vivre dans ses événements les plus anodins. Il nous attache, nous illumine, nous met le cœur en joie !
Si l’on trouve régulièrement aux enchères des œuvres sur papier de Rik Wouters, les huiles sur toile sont beaucoup plus rares. Artnet en répertorie 35, pour quelques 310 dessins, aquarelles ou encres de Chine. Le record pour l’artiste en salle de vente est à ce jour « Pivoines », toile provenant de la collection Van Buuren, vendue en 2013 pour 550.000 euros. Les aquarelles les plus chères se négocient, toujours aux enchères, entre 50.000 et 120.000 euros.
Le tableau qui est présenté en vente à Londres ce 20 juin, « Femme en forêt, chapeau bleu à la main, bras levé », est remarquable à plus d’un titre. Le sujet : Nel avec son fameux collier d’ambre jaune et sa non moins célèbre robe lignée rouge, est iconique. La rareté : il n’existe qu’une trentaine d’huiles la représentant. La technique : elle est ici parfaitement maîtrisée, lui permettant économie et liberté du geste. Enfin, elle est une des dernières œuvres marquant l’insouciance et le bonheur avant la tragédie de la guerre et la disparition de l’artiste.
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Crédit : ©Sotheby’s