Outlook 2024 - Nicolas Heusicom

1. Quelles-sont vos perspectives de croissance en 2024 pour les principales économies ?

En 2022 et 2023, nous avons connu une période de fortes hausses de taux (10 hausses pour un total de 450 points de base en Zone Euro ^[1^], 11 pour un total de 525 points de base aux US ^[2]), suivie par un ralentissement de l’inflation entamé dans la majorité des économies développées. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant d’anticiper un ralentissement de la croissance, qui s’est d’ailleurs déjà matérialisé dans certaines parties du Monde (comme en Zone Euro), alors que d’autres (comme les US) se montrent pour l’instant plus résilientes.
Nous envisageons une année en deux temps et pensons que la croissance continuera de ralentir lors du premier semestre 2024, période pendant laquelle la possibilité d’une récession légère est très probable en Zone Euro ainsi qu’en Grande-Bretagne, mais un peu moins aux États-Unis. Nous anticipons ensuite un regain de croissance sur la seconde partie de l’année, marquée notamment par un retour d’une politique monétaire moins restrictive.
Comme discuté, des différences entre régions existent, notamment en ce qui concerne la Chine, région pour laquelle nous n’anticipons pas d’amélioration à court-terme.
Dans ce contexte de croissance en baisse au premier semestre, nous gardons toujours une position défensive dans notre allocation d’actifs et continuons de sous-pondérer légèrement les actions vis-à-vis des obligations, où nous préférons la dette d’émetteurs de qualité. En effet, nous orientons davantage notre poche obligataire en faveur de valeurs refuges, telles que les obligations souveraines américaines.

2. La vague inflationniste est-elle derrière nous ? Comment voyez-vous son évolution sur les 12 prochains mois ?

Nous pensons que le pic d’inflation (qui faisait d’ailleurs partie de nos anticipations pour 2023) est bel et bien derrière nous. En effet, celui-ci s’est d’abord amorcé aux Etats-Unis, suivis par la Zone Euro, puis la Grande Bretagne.
Nous continuons de penser que l’inflation continuera de baisser en 2024, au fur et à mesure que l’impact des hausses de taux se transmettra sur l’économie et sur le marché de l’emploi. Selon nous, celle-ci devrait rester néanmoins plus élevée que l’objectif de 2% des banquiers centraux.

3. Dans ce contexte, qu’attendez-vous des prochaines décisions des banques centrales ?

Tout d’abord, nous pensons que le cycle de hausses de taux est derrière nous et n’anticipons donc plus de hausses de taux supplémentaires. Les banques centrales devraient désormais maintenir ces taux lors des prochains mois pour être certaines que les conditions monétaires restrictives ont bien maitrisé l’inflation.
Ensuite, ce recalibrage de l’économie, marqué par une baisse de la croissance économique et une décélération de l’inflation, devrait permettre aux principales banques centrales de commencer à couper leurs taux dès la fin du second trimestre 2024, afin d’améliorer la trajectoire de croissance une fois que l’inflation sera belle et bien maitrisée. Nous pensons que la BCE et la Fed pourraient couper de +/- 100 points de base leurs taux d’ici la fin de l’année prochaine.
Vu que nous pensons que le pic de taux est bel et bien derrière nous, nous avons décidé d’augmenter légèrement (tout en restant sous-pondérés) notre exposition aux actions. Nous le faisons via, d’une part, les actions développées de la région Pacifique (hors Japon) et, d’autre part, via les actions européennes (à l’exclusion du Royaume-Uni) dont les niveaux de valorisations nous semblent attractifs et dont les attentes bénéficiaires nous semblent déjà refléter un scénario de légère récession.
Comme vous l’aurez compris, nous pensons donc que les taux continueront de baisser en 2024, et décidons ainsi d’augmenter notre exposition aux obligations souveraines américaines, en augmentant également la duration de celles-ci.

4. Quels sont les risques supplémentaires à prendre en compte ?

Les investisseurs vont devoir prendre en compte l'agitation ambiante, notamment liée aux principales échéances électorales, à la persistance de l'incertitude géopolitique et aux tensions régionales.
En effet, 2023 nous aura rappelé que les risques géopolitiques ne doivent pas être omis lorsque nous investissons sur les marchés financiers. Dans ce contexte, nous continuer de penser que la diversification est la clé pour la bonne gestion d’un portefeuille et avons décidé, entres autres, d’inclure une allocation aux matières premières dans notre stratégie d’investissement. Selon nous, cette exposition nous permettra de protéger davantage les portefeuilles de toute « escalade » géopolitique et/ou d’une reprise inattendue de pressions inflationnistes.
2024 sera également une année bien remplie en termes d’élections, pouvant ainsi apporter de la volatilité sur les marchés. Nous nous attendons à un monde plus fragmenté et multipolaire, où les décisions politiques auront une importance primordiale au vu des tensions commerciales, des conflits régionaux et de la déglobalisation de nos chaines d’approvisionnement.
En 2024, les investisseurs vont devoir s'adapter à ce paysage incertain pour contenir les risques associés à leur portefeuille.
Se tourner vers des actifs susceptibles de présenter des caractéristiques défensives ou diversifier davantage son portefeuille tant au niveau des classes d’actifs que de la répartition géographique, sont des principes visant à atténuer ce type de risques.
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[1] Source : Banque Centrale Européenne | période couverte : juillet 2022 à décembre 2023
[2] Source : Federal Reserve | période couverte : mars 2022 à décembre 2023

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