Le monde en 2019 : l’économie mondiale en transition

Les États-Unis et la Chine, moteurs de la croissance mondiale au cours des dix dernières années, devraient ralentir en 2019. Cette décélération est due à la fois au resserrement des conditions financières, à la fin des mesures de relance américaines et à l’accroissement des tensions commerciales sur le plan international.

 

Les États-Unis viennent de traverser l’un des plus longs cycles d’expansion de l’histoire, et il n’est donc pas surprenant que cette dynamique finisse par faiblir. La Réserve fédérale a relevé ses taux d’intérêt ces dernières années en réaction à cette croissance soutenue (alimentée à la fois par des réductions d’impôts et par une solide demande intérieure) et des hausses de taux progressives sont anticipées en 2019, date à laquelle le cycle économique devrait atteindre son apogée.

 

Certains analystes annoncent déjà la possibilité d’une récession aux États-Unis en 2020 ou 2021. Ces craintes sont peut-être exagérées, mais deux années d’impasse politique ne vont pas arranger les choses.

Avec un Sénat contrôlé par les Républicains et une Chambre des Représentants démocrate, il sera extrêmement difficile pour le Président Donald Trump de faire adopter de nouvelles réductions d’impôts ou d’importantes mesures en matière de dépenses. Si l’absence de nouvelles mesures de relance pèsera davantage sur l’économie en fin de cycle, elle pourrait néanmoins contribuer à l’adoption de politiques plus responsables sur le plan budgétaire, une très bonne nouvelle pour ceux qui craignent les conséquences à long terme de l’explosion de la dette intérieure.

 

En 2017, les États-Unis ont consacré 263 milliards de dollars au remboursement de leur dette. D’ici à 2020, le pays dépensera plus pour rembourser sa dette que pour financer Medicaid, qui couvre les frais médicaux des plus démunis. D’ici à 2028, selon le Congressional Budget Office, un organisme indépendant, les dépenses américaines au titre du remboursement des intérêts devraient atteindre quelque 915 milliards de dollars, soit plus de 3 % du PIB.

 

Le gonflement de la dette américaine, incluant le déficit budgétaire et le déficit courant, fera souffler des vents contraires sur le dollar, qui sera en même temps soutenu par les hausses de taux de la Fed.

 

Le résultat de ce phénomène d’attraction-répulsion de la monnaie aura des conséquences mondiales, en particulier pour les marchés émergents.

Le raffermissement du dollar américain a un effet de resserrement sur les économies émergentes, ce qui peut entrainer une inversion des flux de capitaux et rendre les remboursements de dette plus coûteux pour ces emprunteurs.

 

Le dollar américain a en outre bénéficié, au cours de l'année écoulée, d'une croissance économique plus forte que dans le reste du monde. Avec le ralentissement de l'économie américaine, cette dynamique devrait être moins prononcée en 2019.

 

Conjugué à ce qu'il est commun d'appeler le « double déficit » du pays, ce facteur pourrait exercer une pression à Ia baisse sur le dollar et offrir une certaine marge de manœuvre aux marchés émergents.

 

Nous anticipons un raffermissent de la première monnaie de réserve mondiale durant la première partie de l'année, puis une inversion de ses gains de 2018 au cours des trimestres suivants.

 

La puissante économie chinoise ralentira elle aussi en 2019, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons.

Bien que Ia guerre commerciale qui l'oppose aux États-Unis continuera de peser sur Ia croissance chinoise, son impact est négligeable par rapport à celui de la transition économique globale que mène le pays.

La Chine est au beau milieu d'une décennie de rééquilibrage stratégique, l'objectif étant de passer d'une économie fondée sur l'investissement et les infrastructures à une économie portée par la consommation. Le recentrage du pays sur Ia croissance du secteur tertiaire, l'augmentation des dépenses de consommation et le développement de l'entreprenariat privé plutôt que sur l'investissement public continueront de se faire au prix d’un ralentissement de la croissance.

 

Si l’économie ralentit jusqu’à atteindre des niveaux inquiétants, il est probable que les autorités interviendront, peut-être par le biais de réductions d’impôts afin de stimuler les dépenses, plutôt que par une nouvelle vague de dépenses d’infrastructures et un soutien direct supplémentaire au renminbi. Cela étant, un « atterrissage brutal » de la Chine ne constitue en aucun cas notre scénario de référence.

 

Parallèlement, les répercussions de la guerre commerciale menée par Trump continueront de se faire sentir bien au-delà de l’Extrême-Orient.

 

Bien que les constructeurs automobiles européens aient poussé en novembre un immense soupir de soulagement lorsque le président américain a renoncé aux droits de douane de 25 % qu’il avait menacés d’imposer sur les voitures et les pièces automobiles importées, l’Europe ressent déjà les effets des droits américains imposés dans d’autres domaines.

La Banque d’Angleterre a estimé qu’une guerre commerciale mondiale, dans laquelle chaque pays augmenterait de 10 % les droits de douane imposés à tous les autres, ralentirait la croissance du PIB mondial de quelque 2,5 % sur trois ans. Dans la mesure où le Fonds monétaire international anticipe un recul de la croissance européenne à seulement 1,9 % en 2019 contre 2,3 % en 2018 et 2,8 % en 2017, le Vieux continent ne peut tout simplement pas se permettre d’être pris au milieu d’un conflit commercial mondial toujours plus intense.

 

Les incertitudes politiques persistantes ont exacerbé les inquiétudes en Europe, retardant les grandes décisions d’investissement et assombrissant encore davantage les perspectives de croissance.

 

Le 29 mars 2019, le compte à rebours déclenché deux ans plus tôt par l’invocation de l’article 50 prendra fin pour le Royaume-Uni. Le lancement du processus officiel de transition lié au Brexit apportera les certitudes nécessaires et soutiendra l’économie européenne, et ce juste après Ia clôture du programme d'assouplissement quantitatif de 2 500 milliards d'euros mené par Ia Banque centrale européenne (BCE) depuis une dizaine d'années.

 

La BCE, dont le président Mario Draghi quittera ses fonctions fin octobre, pourrait, elle aussi, envisager de relever ses principaux taux au cours du second semestre de 2019.

Jusqu’à présent, l'inflation est « le seul chien qui n'ait pas aboyé » durant ce cycle économique. Certains signes indiquent toutefois que Ia situation commence à changer.

 

Alors que les taux de chômage atteignent dans de nombreux pays des niveaux planchers inégalés depuis plusieurs décennies, l’inflation salariale commence lentement mais sûrement à se faire sentir, les employeurs se voyant contraints de proposer de meilleures rémunérations pour retenir et attirer du personnel. Nous anticipons par conséquent une poursuite de cette inflation salariale cette année, en particulier si les cours du pétrole et d'autres matières premières fondamentales restent fermes.

 

Au Japon, une bonne dose d'inflation serait Ia bienvenue. Alors que le long combat mené par le pays contre Ia déflation s'est jusqu'à présent avéré infructueux, Ia hausse de Ia taxe sur Ia consommation prévue en octobre 2019 (de 8 à 10 %) devrait se révéler bénéfique. Reste à voir toutefois comment le Premier ministre Shinzo Abe rétablira Ia confiance dans une économie frappée par une série de catastrophes naturelles, un repli de la consommation et une chute des dépenses d'investissement.

Au final, les perspectives mondiales pour 2019 risquent d'être affreusement maussades. Le ralentissement de Ia croissance mondiale semble constituer Ia nouvelle réalité, et il se peut que le risque de récession aux États-Unis doive être pris en compte dans les attentes à mesure que nous avancerons dans l'année.

 

Bien que nous soyons à un stade avancé du cycle économique, nous n'en sommes pas encore au terme.

Parmi les motifs d'optimisme figurent le niveau record de confiance des consommateurs américains et les retombées positives de ces bons sentiments à l’échelle mondiale. Le caractère inéluctable du Brexit, aussi douloureux soit-il pour le Royaume-Uni, sera bénéfique pour la zone euro.

 

Il est également important de noter que 2019 n’est pas une année électorale décisive dans la plupart des pays. Cette continuité politique contribuera à créer un climat de stabilité générale qui pourrait avoir une influence positive sur des marchés financiers agités.

 

De fait, après une année marquée par une série en apparence interminable de mini-crises, la meilleure nouvelle que pourrait nous réserver 2019 serait précisément une réduction notable du volume de « news », qu’elles soient bonnes, mauvaises, fake ou autres.   

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