Entre 2013 et 2015, Eli Lilly a connu une période difficile de transition, conséquence de l’expiration des droits de propriété intellectuelle. Plusieurs brevets ont ainsi perdu leur exclusivité, et les ventes de quelques médicaments vedettes ont subi le choc des génériques, notamment en neurosciences. Mais, cette période, appelée patent cliff, est maintenant derrière elle.
L’entreprise a démontré sa capacité à innover quelques découvertes notoires. Parmi les plus célèbres, citons la fluoxétine ou composant actif du célèbre antidépresseur Prozac (en 1986) ou encore la première insuline (en 1923). Face à la nécessité de renouveler son portefeuille de médicaments, Lilly a investi beaucoup en recherche ces dernières années, ce qui a transitoirement pesé sur les marges bénéficiaires.
Sur base de notre expertise, nous pensons que Lilly est aujourd’hui mieux positionnée pour récolter les fruits de sa stratégie puisque l’entreprise dispose d’un bon portefeuille de médicaments à potentiel de croissance prometteur. Notons, par exemple, le rajeunissement de la franchise diabète grâce à la commercialisation de nouveaux traitements (Jardiance, Trulicity) développés en partenariat avec Boehringer Ingelheim, ou encore le fait que Lilly entend regagner des parts de marché comme first-mover dans l’insuline à action longue avec sa version générique du best-seller de Sanofi (Lantus). L’entreprise a réussi à bien se positionner sur le marché décisif Nord-Américain. Nous tablons sur un potentiel de doublement des ventes entre 2015 et 2020 pour l’activité diabète de Lilly.
Le second pilier de croissance s’appuie sur un pipeline de développement bien avancé, avec pas moins de neuf nouveaux produits actuellement, soit en phase terminale de R&D ou d’attente d’approbation par les autorités, sans compter ceux qui viennent d’être lancés sur le marché. Certains d’entre eux ont un potentiel de blockbuster, c’est-à-dire des ventes de pointe excédant le milliard de dollar. C’est le cas par exemple d’un nouvel anti-inflammatoire (psoriasis) ou encore d’un traitement contre la migraine ou en oncologie.
Lilly dispose également d’une expertise en neurosciences grâce à laquelle la société a connu plusieurs grand succès commerciaux (Prozac, Cymbalta...). Actuellement, plusieurs projets intéressants sont en cours de développement avancé sur la maladie d’Alzheimer, une forme de dégénérescence du cerveau dont la prévalence augmente avec le vieillissement de la population en Europe et Amérique du Nord. Au stade actuel, il n’existe encore aucun traitement curatif. Dès lors, toute découverte probante sur cette maladie serait une avancée thérapeutique majeure à haut potentiel commercial. Cette carte demeure un joker pour Lilly.
Nous estimons qu'Eli Lilly présente un potentiel de croissance de c. 5 % p.a. des ventes jusqu'en 2020, voire supérieur en terme de marge bénéficiaire vu un graduel phasing-out des frais opérationnels lié à l'avancée des développements et au lancement de nouveaux médicaments. Nous recommandons un investissement dans ce titre avec une valeur intrinsèque estimée à 97 dollars.