La majeure partie de la chute du prix de l'or peut être imputée à la vigueur du dollar. Le dollar américain a bien progressé au cours du deuxième trimestre par rapport aux devises des marchés émergents et à la majorité des monnaies de référence. Et puisque la corrélation inverse entre le prix de l'or et la hausse du billet vert s'est intensifiée pour atteindre des niveaux record sur trois ans, le prix de l'or s'est évidemment effondré. Le dollar américain n'a pas uniquement été favorisé par les hausses de taux des fonds fédéraux, mais aussi par celle des rendements réels aux États-Unis. En effet, à mesure que le rendement des bons du Trésor protégés contre l'inflation (Treasury Inflation-Protected Securities ou TIPS) à 5 ans a augmenté, le coût d'opportunité pour conserver l'or a, lui aussi, augmenté, ce qui a amoindri l'attrait du métal précieux. Après tout, l'or possède un coût d'opportunité puisqu'il ne rapporte aucun dividende, coupon ou intérêt. |
La hausse du dollar américain a également influencé la demande des pays émergents. Étant donné que les monnaies indienne, chinoise et turque ont perdu du terrain par rapport au billet vert, l'or est tout simplement devenu beaucoup plus cher pour les consommateurs de ces pays. Les importations indiennes ont baissé d'un tiers au cours du premier semestre. Inutile de dire qu'en raison de la crise en Turquie, l'or est devenu beaucoup plus onéreux pour les consommateurs turcs, constituant un autre marché de poids. Parallèlement, les fonds spéculatifs ont accumulé des positions courtes sur l'or. |
Et bien sûr, une partie de la crise des économies émergentes est liée à l'agitation géopolitique. Les États-Unis imposent des tarifs douaniers à plusieurs pays émergents ou infligent des sanctions. Puisque l'économie des États-Unis est relativement fermée, les marchés émergents souffrent davantage de la guerre commerciale. Il n'est donc pas surprenant que le dollar américain se soit encore plus apprécié par rapport aux devises des pays émergents. Une fois encore : une autre déveine pour l'or. |
Toutefois, à plus long terme, nous ne nous attendons pas à ce que le dollar américain continue de grimper même compte tenu de la force de la dynamique actuelle. En effet, nous pensons que les écarts des taux d'intérêt avec la zone euro, par exemple, sont déjà très tendus et que le déficit courant américain ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Des questions subsistent clairement en ce qui concerne la facilité avec laquelle les États-Unis financeront leur double déficit. Et si, à un moment donné, la confiance dans l'économie américaine et sa dette s’étiole, l'or se profilera à nouveau comme la seule alternative. |
En outre, l'or a toujours un rôle défensif à jouer. Le risque d'une guerre commerciale totale, même s'il ne s'agit pas là de notre scénario préféré, pourrait soutenir le dollar, mais il pourrait également s'avérer fortement disruptif pour les marchés financiers et pousser les investisseurs vers des paradis sûrs, en ce compris l'or. En ce sens, nous sommes toujours disposés à considérer l'or comme étant une bonne diversification, tout comme le feront plusieurs autres investisseurs. De plus, l'inflation aux États-Unis pourrait revenir en force. Le marché du travail est serré à un point tel qu'à un moment donné, les employeurs pourraient être en compétition pour engager de la main-d’œuvre qualifiée et, par conséquent, enchérir sur les salaires. En fait, l'on attend depuis longtemps des salaires plus élevés, car la croissance des salaires réels aux États-Unis a ralenti depuis l'investiture du président Trump. Et, si le salaire des travailleurs augmente enfin, l'inflation devrait rapidement monter en flèche, ce qui devrait soutenir le prix de l'or. |
Pour en revenir au scénario d'une guerre commerciale totale : supposons qu'elle ait lieu. Toutes les économies en souffriraient-elles ? Dans le mille : l'or a été emblématique au cours des récessions américaines, gagnant en moyenne plus de 20 % pendant ces périodes. |
Il en résulte que, tout bien considéré, nous restons optimistes quant au prix de l'or. Nous reconnaissons toutefois que les haussiers ont dû être déçus de la performance de cette année. Et qui est à blâmer ? Le dollar américain ! L’or est donc un actif à considérer dans la construction d’un portefeuille. |