Dividendes et télécoms : Un sujet qui n’est plus tabou

Un autre obstacle toujours d’actualité concerne les réglementations et changements imposés par la Commission Européenne qui ont ravi les utilisateurs, mais pesé sur les résultats des sociétés de télécommunications : annulation des frais de clôture de contrats, contreparties imposées lors d’opérations de fusions-acquisitions, diminution ou suppression des frais de roaming et des frais lors d’appels sur un réseau différent… Cependant, le pire semble bel et bien derrière nous et le secteur est en phase de guérison.

Fusions, acquisitions ... mais convergence avant tout 

Une chose est sûre, l’activité de fusions-acquisitions est intense dans le secteur des télécoms depuis quelques années avec de nombreuses  transactions de taille importante ou de nombreuses opérations toujours en attente d’être validées. On citera, par exemple le rachat par Vodafone du câblo-opérateur allemand Kabel Deutschland en 2013 pour 7,7 milliards d’euros ou l’acquisition latente du fournisseur internet Jazztel en Espagne en 2014 par le groupe français Orange pour 3,4 milliards d’euros.

Mais un autre phénomène apporte une nouveauté et une révolution au secteur. Les câblo-opérateurs, actifs dans les domaines du téléphone fixe, de l’internet et de la télévision, offrent également des services de téléphonie mobile (via des accords de type MVNO comme Telenet en Belgique avec Mobistar) et peuvent donc proposer des offres « multiple play » à leurs clients (TV/INTERNET/FIXE/GSM). Il fallait donc s’attendre à une réaction de la part des acteurs du mobile et cela explique les nombreux deals passés ou toujours en cours et l’apparition de nouveaux groupes nés de la convergence fixe-mobile, tels que Numericable/SFR en France.

Des effets positifs escomptés à moyen terme

Cette consolidation en cours réduit le nombre d’acteurs, ce qui est positif car la pression sur les prix est moindre et la rentabilité plus élevée. De plus, la Commission Européenne semble désormais un peu plus complaisante avec le secteur et même si des compensations (on parle de remèdes) sont exigées lors de fusions-acquisitions, le passage de 4 à 3 opérateurs majeurs par pays n’est plus une utopie. Les derniers résultats publiés par les sociétés de télécommunications en Europe sont de plus encourageants avec une stabilisation du chiffre d’affaires (toujours en baisse) et des perspectives de retour à la hausse pour les prochains trimestres en Europe. Cette situation est différente de celle observée dans d’autres régions comme l’Afrique et l’Inde où taux de pénétration plus faible rime avec croissance, un point positif pour les opérateurs présents dans ces régions tels Vodafone ou Orange. Aux Etats-Unis par contre, la situation est proche de celle de l’Europe, mais sans vague de consolidation pour soutenir le secteur, la faute aux régulateurs.

De bilans plus sains, des dividendes plus rationnels 

La situation financière des opérateurs de télécommunications en Europe s’est également améliorée avec un levier d’endettement en baisse et proche de 2 contre 2.5 il n’y a pas si longtemps La génération de cash-flow libre est quant à elle en hausse malgré des investissements toujours très lourds (près de 15% du chiffre d’affaires contre environ 5% pour la moyenne des secteurs en Europe) et qui devraient se poursuivre (développement de la 4G, achats de fréquences mobiles, amélioration de la qualité des réseaux fixes…).

Concentrons-nous sur les dividendes maintenant. Lorsque l’on parle de sociétés de télécommunications aux investisseurs, nous pensons souvent à l’aspect dividendes de ces sociétés, qui était certes intéressant dans le passé, mais qui l’est devenu beaucoup moins au cours des dernières années. En effet, nombreuses sont les sociétés à avoir réduit ou tout simplement annulé leur dividende suite à la crise financière majeure de 2008. Les grands acteurs ont désormais une approche et une politique de dividendes saine, dépendante de la génération de cash-flow libre et des résultats. Des groupes tels que Orange et Deutsche Telekom ont opté pour une politique prudente avec un

dividende désormais rationnel et soutenable, couvert par le cash-flow libre dégagé par la société et dont l’évolution future sera associée à une amélioration du cash-flow ou du résultat opérationnel brut, n’en déplaise aux actionnaires.

Le rendement du dividende en Europe est proche des 4%. Dans un contexte de taux bas comme on le connaît actuellement en Europe (avec des taux à 10 ans à 0,2% en Allemagne et 0,4% en Belgique), ce rendement est attractif. Le marché  européen des actions offre un rendement légèrement supérieur à 3%. Cependant, la différence entre le rendement offert par le secteur des télécommunications et les actions en général n’a plus été aussi faible depuis le début de la crise de subprimes. C’est un signal positif car écart important ne rime pas toujours avec opportunité (le taux à 10 ans grec est à 11% …).

Un secteur redevenu attractif mais pas forcémenet bon marché

Il est vrai que la valorisation actuelle du secteur n’est pas des plus attractives par rapport au marché avec un ratio cours/bénéfice affichant une prime de 25% environ alors que le secteur se traite en général en ligne avec le marché. Cependant, le secteur reste très intéressant pour son potentiel futur, son dividende, ses activités de fusions-acquisitions porteuses et l’embellie générale observée depuis plusieurs trimestres. De plus, comparativement au marché européen, le secteur a encore du retard à rattraper depuis 2009 et la fin de la crise des subprimes.

Voici les actions que nous recommandons :

En Europe, nous privilégions Vodafone pour son leadership sur le mobile, son exposition géographique et sa politique d’investissement et de renforcement dans le domaine de la téléphonie fixe. Nous apprécions également Orange pour sa politique de dividende prudente mais aussi pour le potentiel offert par l’exposition africaine, espagnole mais surtout française où une consolidation du secteur est possible à moyen terme (ainsi qu’en Belgique avec Mobistar, filiale du groupe).

Aux Etats-Unis, nous affichons une vue moins positive mais apprécions AT&T pour le dividende et l’expansion du groupe en cours ainsi que T-Mobile US dans une approche plus spéculative, la société délivrant de solides résultats et pouvant être à nouveau la cible d’un rachat ou d’une fusion cette année.

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