Manna Sauzen: histoire d'une croissance divine

QUATRE GÉNÉRATIONS

Manna Sauzen fut fondée en 1935 sous la dénomination « Producten Manna ». Sylvie Van den Broeck nous donne quelques explications : « C’est entre les deux guerres mondiales qu’Henri Van den Broeck, mon arrière-grand-père, entama la production de hareng mariné, vendu en chariots tirés par des chevaux. Après la Seconde Guerre mondiale, les premières friteries firent leur apparition, créant une demande de sauces telle que la mayonnaise. Pour mon arrière-grand-père, l’étape suivante fut donc en toute logique la production de hareng à la mayonnaise, puis la proposition de mayonnaise en produit distinct et, plus tard encore, l’élaboration d’une gamme complète de sauces froides. Si les frituristes vinrent initialement chercher eux-mêmes leurs seaux de sauces, les grossistes en horeca assurèrent ultérieurement la distribution des produits Manna. »

La deuxième génération Van den Broeck examina à la loupe la production jusqu’alors manuelle de la première génération et entreprit de l’automatiser. À l’époque, la gamme de Manna n’incluait que des sauces froides. Le basculement survint avec la troisième génération. « Mon père est un véritable développeur de produits. Il a notamment contribué à la naissance de la sauce bolognaise. En plus des sauces froides, l’entreprise accédait ainsi au marché des sauces chaudes, avec le segment du détail en ligne de mire. Depuis, nous sommes actifs tant en Belgique que par-delà les frontières, avec nos propres marques et sur le marché des labels privés. »

 

DES SAUCES DIVINES

À l’instar de l’entreprise, le nom ‘Manna’ a déjà quatre générations à son actif. « C’est mon arrière-grand-père qui a inventé ce nom. Malgré l’extrême clarté de l’allusion à la manne céleste et notre slogan « Les sauces divines », il n’y a pas vraiment de lien religieux. Il s’agit surtout d’un nom court, percutant et bien adapté à l’international. Bien meilleur que si l’entreprise s’était appelée « Van den Broeck Sauzen », par exemple », rit la CEO.

Avec plus de 50 variantes de sauces, la gamme des produits Manna est d’une richesse surprenante. À cela s’ajoutent encore les innombrables déclinaisons par sauce, adaptées aux goûts et souhaits du client. « Ainsi, nous avons notamment 15 à 20 recettes différentes pour la mayonnaise. À titre d’exemple, les Néerlandais veulent une mayonnaise plus douce avec moins d’huile, tandis que les Belges préfèrent une mayonnaise riche avec beaucoup d’huile et de jaunes d’œuf. D’une manière générale, on peut même dire que plus on se dirige vers le sud, plus on aime les saveurs acides. Et à l’inverse, les préférences s’adoucissent à mesure qu’on se déplace vers le nord. » 

Outre la gamme diversifiée de sauces froides, le nombre de sauces chaudes s’est également étoffé au fil des ans. La sauce bolognaise que Manna a été la première à commercialiser a littéralement conquis ce marché. « Sur le marché belge du détail, la part des sauces bolognaises sous label privé est d’environ 55 %. Parmi les 45 % de sauces bolognaises restantes, vendues avec un nom de marque, plus des deux tiers arborent notre dénomination Manna », déclare Sylvie Van den Broeck non sans une pointe de fierté. 

 

EN AVANT, TOUTE ! 

Si elle a gravi les échelons menant au poste de CEO de l’entreprise familiale, Sylvie Van den Broeck ne comptait pas initialement travailler chez Manna après ses études. « Quand j’ai quitté les bancs d’école, je ne voulais pas travailler chez Manna. L’entreprise ne m’intéressait pas et je craignais de ne plus pouvoir en sortir », plaisante-t-elle. « Lorsqu’un de mes cousins est parti en vacances, je l’ai remplacé au pied levé et depuis, je ne suis jamais repartie. Ce fut une période fascinante pendant laquelle j’eus eus la liberté de découvrir le fonctionnement de tous les départements. Quand on est curieux et ambitieux, c’est un formidable cadeau de pouvoir acquérir de l’expérience dans tous les segments de l’entreprise. Le fait de connaître Manna de A à Z s’est aussi avéré utile quand l’entreprise a traversé des difficultés au tournant du siècle. La lourde restructuration qui a suivi a toutefois jeté les fondations de notre croissance actuelle. Une fois sortis du rouge, nous avons cherché les personnes adéquates avec l’expérience requise. Bon nombre d’entre elles travaillent encore pour notre entreprise, où elles font toute la différence. »

 

INVESTISSEMENTS

Depuis la restructuration de Manna, tous les bénéfices sont réinvestis dans l’entreprise. « Nous investissons en permanence dans ce que nous appelons les 3 ‘M ‘ : Machines, Membres du personnel et Marketing », explique Sylvie Van den Broeck. « Nous sommes également très ouverts vis-à-vis de notre personnel. Tous sont au courant de notre vision à long terme et y sont impliqués concrètement. Ainsi, nous avons élaboré un système de bonus, où chacun - mais vraiment chaque membre du personnel, de la production au management - reçoit le même bonus financier si l’entreprise atteint certains objectifs. C’est un investissement dans notre capital humain qui paie car il suscite un engagement considérable. Nous impliquons en outre le personnel dans notre évolution en l’invitant à des réunions régulières où nous parlons des clients auxquels sont destinés les produits qu’ils préparent au quotidien, et discutons de nouveaux projets. L’objectif est aussi que tout le monde soit accessible, jusqu’au management inclus. C’est pour cela que nous réduisons au maximum le fossé entre management et personnel. »

 

CROISSANCE

Manna Sauzen a récemment accompli un parcours remarquable. « Au cours des 7 dernières années, nous avons réussi à doubler notre chiffre d’affaires. Nous continuons en outre à enregistrer une croissance à deux chiffres depuis 5 à 6 ans. Nous ne voulons plus jamais revoir l’entreprise dans le scénario du tournant du siècle et misons donc résolument sur une gestion saine de notre entreprise mais aussi - et surtout - sur la croissance. » Sylvie Van den Broeck admet néanmoins qu’investir pour investir et croître pour croître n’est pas à l’ordre du jour chez Manna. « D’ici l’année prochaine, nous allons d’abord consolider notre expansion et peaufiner les projets existants. Pour l’avenir, les possibilités de développement ne manquent pas. Le tout est d’optimiser l’usage efficace de nos ressources. »

 

UNE MACHINE BIEN HUILÉE

Au fil des ans, Manna Sauzen est demeurée une entreprise 100 % familiale. Même si le passage de flambeau d’une génération à l’autre n’a pas toujours été évident. « Mon arrière-grand-père était un entrepreneur à l’ancienne, qui a toujours gardé un contrôle absolu jusqu’à la fin », explique Sylvie Van den Broeck. « Rien n’était donc réglé à l’époque pour le passage à la génération suivante. Mon grand-père fut le premier à réfléchir à un transfert structuré, même si cette démarche était plutôt basée sur des considérations fiscales. Il n’était pas encore vraiment question de passer les rênes à la génération suivante. À cet égard, nous sommes (le frère de Sylvie est également actif dans l’entreprise, ndlr) la première génération à pouvoir parler ouvertement avec la précédente - notre père - d’un transfert dûment structuré. Nous bénéficions d’ailleurs de l’assistance d’un conseiller externe. Un transfert n’est pas un événement ponctuel mais un processus continu qu’il faut prendre le temps d’élaborer afin que toutes les parties concernées s’y sentent bien. Tout comme la gestion d’une entreprise, un transfert n’est pas qu’une question de chiffres mais comporte aussi un aspect humain et relationnel. Tous les regards doivent être orientés dans la même direction. »

 

                                                      

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